Le bébé, à sa naissance, est entièrement dépendant de ses parents. Petit à petit, il va faire l’expérience de s’éloigner doucement de l’adulte notamment grâce au développement de ses habiletés motrices : il va commencer à ramper par exemple, se déplacer pour aller chercher un objet…
La longue route vers l’autonomie démarre et, en tant que professionnels de la petite enfance, nous avons tous un rôle à jouer dans cette quête !
GARANTIR SA SECURITE AFFECTIVE
Pour parvenir petit à petit à se détacher, à faire ses propres expériences et ainsi développer son autonomie, le jeune enfant va devoir se sentir suffisamment sécurisé.
La sécurité affective commence à se construire dès les premiers instants de la vie d’un enfant, dans la relation que le bébé aura avec ses parents. Cela demande aux parents d’avoir à la fois une disponibilité physique et une disponibilité psychique pour apporter une réponse adaptée aux différents besoins du jeune enfant.
En tant que professionnels de la petite enfance, nous sommes amenés à accueillir de jeunes enfants, dès l’âge de deux mois et demi, et avons alors un rôle important à jouer pour garantir leur sécurité affective en leur apportant notamment des repères.
- Donner à l’enfant des repères dans le temps : le fait d’instaurer des rituels dans la journée de l’enfant va lui permettre de pouvoir notamment mieux anticiper les moments à venir, avec plus de sérénité, car il saura ce qui l’attend ensuite.
- Donner à l’enfant des repères dans l’espace : l’enfant va pouvoir se sentir davantage en sécurité dans un espace qu’il a déjà pu apprivoiser. Lui attribuer un lit pour le moment de la sieste, lui définir un casier pour mettre ses affaires… participe à le sécuriser et à le reconnaître en tant qu’individu à part entière au sein d’un collectif. Pour les mêmes raisons, il sera également important de ne pas bouleverser complètement tout l’aménagement de l’espace par exemple : nous privilégierons plutôt des petits changements que nous pourrons alors faire en la présence des enfants.
- Donner à l’enfant des repères « humains » : l’enfant doit pouvoir bien connaître les adultes qui s’occuperont de lui et nous devons alors limiter leur nombre et les changements autant que possible pour favoriser une relation plus privilégiée et qu’elle soit suffisamment rassurante pour l’enfant. Donner des repères à l’enfant, c’est aussi pouvoir le prévenir de qui s’occupera de lui le matin ou le soir par exemple et imaginer des outils à sa portée (un panneau d’affichage avec la photo des personnes présentes…).
La mise en place de ces différents repères participera à sécuriser le jeune enfant. Il sera également important que les professionnels petite enfance et les parents prennent le temps d’échanger ensemble afin que l’enfant perçoive une certaine continuité entre la maison et l’extérieur, ce qui contribuera alors à le rassurer.
En effet, pour partir à la découverte du monde et faire l’expérience de se séparer, l’enfant doit d’abord se sentir suffisamment sécurisé et prendre confiance en lui, toujours sous le regard bienveillant des adultes qui l’entourent.
AVOIR UNE ATTITUDE BIENVEILLANTE ET VALORISANTE VIS-A-VIS DE L’ENFANT
Petit à petit, l’enfant va vouloir faire certaines choses tout seul : c’est une étape importante et l’adulte ne devra pas freiner cet élan mais, au contraire, l’encourager dans cette volonté. Par ce biais, l’adulte participe à reconnaître les capacités de l’enfant, ce qui permet à ce dernier de développer sa confiance en lui et de prendre davantage d’initiatives au fur et à mesure. Lors des différentes acquisitions de l’enfant, l’adulte pourra le soutenir et le féliciter. Cela deviendra une vraie source de motivation pour lui !
Dans les différents moments de la vie quotidienne, l’adulte pourra aussi l’encourager à faire seul certaines actions : s’habiller seul, manger seul… Il faudra cependant rester bien attentif à le laisser progresser à son rythme en tenant compte de ses envies, de ses capacités et de ses besoins. En effet, il ne s’agit pas d’une course vers l’autonomie qui pourrait alors mettre l’enfant en situation d’échec dans certaines situations et aller à l’encontre de l’objectif recherché.
Cela induit de vraiment prendre le temps avec l’enfant, de ne pas se montrer trop pressé et d’accepter que l’enfant puisse faire aussi ses essais : les premiers repas où l’on confie à l’enfant une cuillère peuvent parfois s’avérer être une vraie aventure ! L’enfant aura besoin d’expérimenter d’abord pour apprendre.
Pour le jeune enfant, gagner en autonomie peut être valorisant mais peut aussi parfois induire certaines « pertes » : l’enfant qui devient propre par exemple n’aura plus ce moment privilégié sur la table à langer avec son parent. Il faudra donc que le bénéfice soit tout de même suffisamment grand pour l’enfant afin de l’encourager dans son autonomie : cela pourra être par exemple d’aller faire les courses avec lui et de le laisser choisir au magasin des caleçons avec ses héros préférés !
Parfois, nous pouvons observer une période de « régression » dans l’autonomie qui peut se manifester selon certains évènements et changements dans la vie de l’enfant (l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, un déménagement, un deuil…). Ces changements peuvent en effet provoquer de l’insécurité pour l’enfant ce qui peut expliquer, entre-autre, cette période de « régression ». Il faut alors accompagner au mieux l’enfant durant cette période et le sécuriser à nouveau en prenant soin de ré-instaurer des rituels, des repères…et en se montrant présent pour lui.
PORTER UNE REFLEXION SUR L’AMENAGEMENT DE L’ESPACE ET LE MATERIEL
Dans le quotidien, l’adulte peut penser l’espace et l’aménager de façon à favoriser l’autonomie de l’enfant. Un espace suffisamment grand permettra par exemple à l’enfant de se déplacer librement et de s’éloigner de l’adulte. Celui-ci devra être aménagé de façon à ce que les déplacements de l’enfant se fassent en toute sécurité. Des jeux suscitant l’intérêt de l’enfant pourront également être positionnés dans l’espace pour stimuler ses déplacements et son autonomie.
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Au niveau du choix du matériel, nous pouvons là aussi intervenir pour favoriser l’autonomie de l’enfant. Chez Pim Pam Pomme par exemple, un petit escalier a été installé afin que les plus grands puissent monter à la table de change sans être obligatoirement portés. Nous mettons également des bannettes accessibles aux enfants pour qu’ils puissent y déposer leurs affaires avant d’aller à la sieste.
Pour soutenir l’envie de l’enfant de faire seul, les parents pourront par exemple privilégier des baskets à scratch plutôt qu’à lacets pour que l’enfant puisse mettre ses chaussures tout seul jusqu’au bout, en étant simplement guidé par l’adulte en cas de besoin. Laisser le pot accessible à l’enfant, choisir des vêtements pratiques à enfiler… viendront également faciliter les prises d’initiatives de l’enfant.
L’autonomie est une étape importante dans la vie d’un enfant et contribue à participer à son développement personnel et social. C’est une phase où il va, petit à petit, apprendre à se différencier des autres, à prendre ses décisions…
Toute cette réflexion autour de l’autonomie et de notre rôle en tant qu’adulte auprès de l’enfant pourrait se résumer à un proverbe : « Nous ne pouvons donner que deux choses à l’enfant : des racines et des ailes ».
Delphine DESGARCEAUX – EJE – coordinatrice pédagogique Pim Pam Pomme